Le serpent de mer
A l'instar de la baleine, le serpent de mer est une image récurrente du folklore marin des Lofoten. Très populaire dans cette région du monde, le mythe prend ici tout son sens.
Si l'on en croit les marins (intraitables sur le sujet), les Lofoten, îles cernées par les courants marins puissants, sont un lieu privilégié pour observer le serpent de mer géant.
Un corps long de plusieurs mètres, épais et ondulant, surmonté d'une tête cauchemardesque : le serpent de mer semble être, ici, l'incarnation même des courants.
Olaus Magnus (1490-1557), archevêque norvégien, décrit en 1555 un Serpent de Mer, relevant de nombreux détails :
Ceux qui naviguent le long de la côte norvégienne assurent tous d'une voix une chose épouvantable, que le long de la mer de Bergen, un serpent a bien 60 mètres de long et 6 d'épaisseur. Il sort la nuit au clair de lune pour aller manger les agneaux, les pourceaux, ou bien passe la mer pour aller manger les polypes, locustes et autres sortes de poissons et cancres marins. Il a des yeux rutilants comme une flamme (flammeos oculos rutilantes). Il se lance contre les navires (...) pour aller dévorer ceux qui sont dedans (...). Il a une masse de poils d'une coudée de long qui lui pendent du cou, des écailles aiguës de couleur noire et des yeux rutilants comme une flamme (...). On estime en ce pays que c'est un mauvais présage quand on le voit courir sus aux personnes et que cela signifie mort de prince.
Ce témoignage est intéressant à plusieurs niveaux. On voit tout d'abord que chrétienté et folklore fantastique ne sont pas antagonistes (nous y reviendrons). De même, Olaus Magnus est l'auteur de l'Historia de Gentibus Septentrionalibus (ouvrage est resté longtemps pour le reste de l'Europe la référence pour tout ce qui touchait la Suède) et de la Carta Marina.