La chasse donnée à Mazarin
Mazarinade - 1650
Bourgs, villes et villages,
L’tocsin il faut sonner.
Rompez tous
les passages
Qu’il vouloit ordonner ;
Faut sonner le tocsin
Din, guin, din,
Pour pendre Mazarin !
Nuitamment, ce perfide
A enlevé le Roy ;
Le
cruel mérite
Estre mis aux abois.
Il fout nostre régente
Et luy prend ses écus
Et le bougre se vante
Qu'il l'a foutue en cul
Ce meschant plein d’outrage
A ruiné sans
deffaut
Vous tous, gens de Village,
Vous donnant des imposts.
Mettez-vous sur
vos gardes,
Chargez bien vos mousquets ;
Armez-vous de hallebardes,
De
picques et corcelets.
Vertu-bleu, se dit Pierre,
Je n’y veut pas manquer
Car
j’ay vendu mes terres
Pour les Tailles payer
Foin de cette bataille,
Chez moi il
n’y a plus
Que les quatre murailles,
Tout mon bien est perdu.
Pour payer les
subsites,
J’ay vendu mon godet,
Ma poësle et ma marmite,
Jusques à mon
soufflet,
Moy,
pour payer les Tailles,
J’ay vendu mes moutons,
Je couche sur la
paille,
Je n’ay pas le teston.
Taistigué, dit Eustache,
J’ay vendu mes chevaux,
Ma charrüe et mes vaches
Pour payer les imposts.
Moy j’ay, chose certaine,
Vendu mon gros pourceau,
Mes chèvres et mes gelines,
Pour payer mes imposts.
Coulas
prit son espée,
Et des pierres en sa main,
Dit : « Faut à la pipée
Pendre cet inhumain ».
Guillaume prit sa fourche
Et trouça son chapeau,
Il dit
: « Faut que je couche
Mazarin au tombeau.
Notre France est ruinée,
Faut de ce
Cardinal
Abréger les années,
Il est autheur du mal.