J'ay veu la beaulté, m'amye
Manuscrit de Bayeux - XVè siècle
J'ay veu la beaulté, m'amye
Enfermée en une tour.
Pleust à la Vierge Marie
Que j'en fusse le seignour,
Et le soleil fust couché
Et le jour n'ajournast ja
Et je vous tensisse, belle,
Nu à nu entre mes bras.
Compoins, ne l'aime plus,
El n'a plus de quibus.
C'est une rabat-joye
Et qui pire est, plus vivre ne pourroye.
"Dictes moy, ma belle fille,
Où est vostre père allé?"
"Par ma foy,dis telle, sire,
M'est allé au bois chasser.
J'ay ouy le cor corner,
Je ne sçay si le cerf prins a."
Belle, se j'avoye vostre amour,
J'auroye mieulx chassé qu'il n'a."
Compoins, ne l'aime plus,
El n'a plus de quibus.
C'est une rabat-joye
Et qui pire est, plus vivre ne pourroye.