Outils personnels
Contact

brancherouge@gmail.com

Compagnie de la Branche Rouge
chez Vincent Creusillet
35 rue du Pre-Saint-Gervais
75019 Paris

Se connecter


Mot de passe oublié ?
 
Vous êtes ici : Accueil Membres Aideen Brannagh Mac Olchobar Le thing

Le thing

(suite à l'article de Vincent sur la loi chez les vikings)

L’organisation et la composition du thing

Il existe un thing à chaque échelon de l’organisation territoriale chez les vikings (cantons et provinces principalement).

 Le ressort des things inférieurs correspond au herred (cantons au Danemark, Norvège, Götaland) ou hundari (cantons en Uppland et Gotland). En Islande vient s’ajouter le thing de quartier dans la seconde moitié du Xème siècle. 

Ils sont formés de tous les hommes libres du canton, siégeant en plein air toutes les semaines ou toutes les quinzaines en lieu fixe. Ce lieu est rarement un village : il s’agit plutôt d’un centre de communication et d’échange ou d’un lieu de culte païen.

 La convocation s’effectue par l’envoi d’un message, sous forme de bâtonnet portant un nombre d’encoches correspondant à l’amende encourue en cas d’absence (budstikke).

Il existe aussi des things de grandes circonscriptions : il s’agit des fylketing et lagting en Norvège, des things de fjordhung et Althing en Islande, du landskapsting en Suède, et du Landsting au Danemark. Pour que les délibérations soient valables ici, seul un quart des convoqués doit être présent.

Dans ces grandes assemblées, tous les adultes libres ne pouvant être convoqués, on a recours à un système de représentation. Au Danemark on compte un délégué par canton (herred) ou paroisse (sogn), et la primauté est à ceux qui sont au sommet de l’échelle sociale, en général toujours convoqués.

 Quiconque se rend au thing est protégé par une paix spéciale, religieuse : il est détenteur d’une partie de l’autorité publique. Agressé un homme libre se rendant au thing est très mal vu…

 A l’assemblée tous les convoqués n’ont pas de poids égal : les débats sont dirigés par les anciens. En Suède, le président du thing élu, le lagman, est chef de la province de facto.

En Islande, ce chef du thing doit tous les ans réciter le corps des lois valables qu’il a pour charge de mémoriser.

 

Fonction du thing

Le thing est une assemblée judiciaire et politique. Mais la réunion des things de circonscriptions importantes est en général un grand évènement accompagné de foires aux marchandises et d’échanges de nouvelles, qui durent deux semaines, notamment lors des réunions de l’Althing en Islande. Ses sessions annuelles ont lieu au printemps, à proximité de l’équinoxe, afin que les nuits claires permettent la prolongation des délibérations.

La fonction judiciaire est la plus importante du thing.

Dans l’Althing en Islande, on trouve une commission judiciaire de 144 membres.

La Saga de Grettir évoque une procédure laborieuse et plutôt inefficace.

 

La procédure judiciaire

Le plaignant demande tout d’abord justice au thing local.

Si le litige a de l’importance il est transféré au « thing supérieur », le landsting ou l’Althing.

La première phase est une phase d’enquête durant laquelle on réunit surtout des jureurs (plus que l’on ne recueille des témoignages car les juges sont en général au courant des faits). On se préoccupe peu des aveux des parties ou de leurs témoignages.

La seconde phase est celle de verdicts provisoires : en effet le verdict n’est définitif dans le thing qu’après approbation unanime des juges. C’est une procédure très contraignante, les affaires ne sont quasi-jamais résolues. C’est pourquoi l’Althing crée en 1004 une section judiciaire se prononçant à la simple majorité.

 

Les peines

Excepté dans le cas d’une intervention du roi (plus tardivement), la peine n’est pas appliquée, ou plutôt le verdict n’a pas force obligatoire, en raison de l’inexistence de prérogatives de puissance publique.

La sanction est une amende la plupart du temps, payée de la famille de l’offenseur à celle de l’offensé selon un tarif dégressif à mesure que la parenté est moins proche.

Prenons l’exemple d’une loi du thing de Gula : pour meurtre, la peine pécuniaire est de 18 marks d’argent. Parmi ces 18 marks d’argent, 10 vont être versés par le coupable au père ou au fils de la victime, 5 à son frère et ainsi de suite de façon décroissante aux parents les plus éloignés. Les membres de la famille du meurtrier versent également plus ou moins selon la proximité de leur parenté avec le coupable.

Outre la peine pécuniaire le coupable peut être interdit de séjour.

La peine la plus grave est la mise hors la loi pour vingt ans : le coupable n’est plus protégé par la loi de la communauté qu’il a lui-même enfreint, n’importe qui peut ainsi le mettre à mort. En règle générale, le coupable va donc se cacher et se tenir à l’écart de la communauté pendant le temps de la peine.  

Enfin, avant le XIème siècle, il reste la possibilité du duel judiciaire ou hôlmganga, affectionné des vikings. Celui-ci est soumis à des rites complexes. Après une provocation en forme, les combattants se réunissent sur un îlot côtier. Le combat est suivi d’un sacrifice. Sous l’influence chrétienne, le duel judiciaire disparaît. Il est abolit solennellement par l’Althing en 1011 et est petit à petit remplacé par l’ordalie chrétienne.  

 

Mes sources : Les Peuples Scandinaves au Moyen-Age de Lucien Musset, éditions PUF et mes cours d’histoire du droit (Jean-Paul Andrieux)

Actions sur le document